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Les conservateurs et les bastions de l’Ouest

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Les conservateurs gravitent autour de 30 % à 35% dans les sondages. Ça rejoint plusieurs analyses des derniers mois voulant que certains choix plus contestés du gouvernement Harper rallient surtout leur base la plus convaincue, qui tourne de l’avis général autour de 30% de l’électorat. C’est en allant chercher une autre couche d’électeurs plus « modérés » que Stephen Harper a pu obtenir sa majorité avec 39,6 % des voix à l’élection du 2 mai 2011. Ces électeurs plus fraîchement acquis se trouvaient en bonne partie en Ontario, dans les banlieues immédiates de Toronto ou encore dans le tissu des villes secondaires du sud de la province.

Au moins 437 000 des 626 000 nouveaux électeurs conservateurs se trouvaient en Ontario en 2011. Ils y ont récolté 22 sièges de plus pour porter leur total à 73. C’est ça qui a fait la différence pour l’obtention d’une majorité. Car à part la perte de cinq sièges au Québec, on parle de variations de plus ou moins un ou deux sièges dans les huit autres provinces. Si tout ça confirme que l’Ontario, avec 15 sièges de plus en jeu à l’élection d’octobre 2015, sera LE champ de bataille pour les trois grands partis fédéraux, il ne faut pas perdre de vue que la base conservatrice doit aussi se maintenir en Alberta et, surtout, en Colombie-Britannique.

Et c’est là que les deux grandes annonces de la semaine dernière deviennent particulièrement intéressantes, soit l’approbation du pipeline Northern Gateway et la réforme du programme des travailleurs étrangers temporaires, qui ressemble plus à une suppression graduelle qu’à une réforme.

Quelques chiffres montrent le poids de ces deux provinces dans l’échiquier politique, surtout pour ce qui est des pions conservateurs. Disons au départ qu’en gros, c’est là que les conservateurs y ont recruté le reste de leurs électeurs additionnels en 2011. Sur les 64 sièges en jeu, les conservateurs en ont obtenu 48. Premier parti en Colombie-Britannique avec 46 % des voix contre 33 % pour le NPD, ils laissent leurs opposants dans la poussière en Alberta avec 65 % des voix contre… 17 % pour le NPD au 2e rang!!! Et, gardez en tête que 12 sièges s’ajouteront dans les deux provinces en octobre 2015.

Réactions complètement opposées aux deux annonces de part et d’autre des Rocheuses, ou des Foothills, comme vous voudrez. En Alberta, la population semble avoir bien accueilli les sérieuses limitations à l’utilisation de main-d’oeuvre étrangère (environ la moitié des postes visés sont en Alberta). Les abonnés au compte Twitter du ministre Jason Kenney ont pu constater qu’il a eu droit à maintes félicitations d’Albertains dont les ados pourront plus facilement obtenir des emplois cet été.

Même constat dans le reste des médias sociaux, les pages des lecteurs et l’industrie du « commentariat », mais un tout autre son de cloche du côté des employeurs, des petites entreprises et de  l’industrie du service alimentaire surtout. Ces entreprises devront se donner plus de mal pour embaucher de jeunes Canadiens et prouver qu’elles essaient très fort. Sinon, elles pourraient en fin de compte avoir à payer des salaires plus élevés.

Scénario inverse en Colombie-Britannique, là, ce sont les gens d’affaires qui applaudissent l’accord fédéral, même timide, au projet Northern Gateway. La population soutient à moins de 30 % la construction du pipeline et les opposants, dont les Premières Nations ne sont pas les moindres, sont très mobilisés. Si, en Alberta, on voit mal une mobilisation du patronat, encore à raffermir, renverser la donne politique tellement les conservateurs sont rois et maîtres, le vent peut plus facilement tourner en Colombie-Britannique. Ça explique la perche de 10 mètres utilisée par le gouvernement Harper pour appuyer sur le bouton OK. On ne retrouvera pas d’empreinte digitale conservatrice sur ledit bouton!!!

Pour l’instant, la première ministre Christy Clark continue de faire valoir que ses cinq conditions ne sont pas satisfaites. Certaines sont sujettes à négociation de façon à lui permettre de marquer des points. Est-ce que Mme Clark adoptera une attitude conciliante pour accumuler des créances politiques auprès d’Ottawa et d’Edmonton? Ou bien fera-t-elle une Danny Williams d’elle-même en se dressant sur la route?

Elle doit garder à l’esprit qu’ une des conditions mise sur la participation des Premières Nations et d’accommodements. Il y a là aussi une certaine flexibilité, mais la différence est que Mme Clark n’est pas la seule juge du respect de cette condition. Elle touche des intervenants à peu près unanimement opposés au projet. Ils pourraient en plus venir la hanter dans sa propre cour.

Elle mise en effet beaucoup sur ses projets de gouvernement sur l’exportation de gaz naturel liquéfié, dont les découvertes se sont multipliées ces dernières années. Dans ce cas-ci, la ressource est sur son territoire, les redevances sont acquises et sans partage, mais l’exportation nécessitera un transport, par pipeline probablement, vers la côte, exactement comme pour le bitume albertain. Les deux substances ne sont pas les mêmes, les risques diffèrent aussi, mais les Autochtones ont déjà indiqué qu’ils avaient aussi cet enjeu dans leur ligne de mire.

Les parlementaires fédéraux auront donc l’échéance électorale d’octobre 2015 en tête à leur retour en Chambre à la fin septembre. Et l’Ontario reste certainement la province clé pour qui veut diriger le pays. Mais, avec 76 sièges et le dossier de l’énergie qui déborde maintenant des frontières de l’Alberta vers sa voisine à l’ouest, attendez-vous à voir les deux autres partis tenter de concurrencer les conservateurs dans la promotion de cette énergie, chacun à leur façon. Ces deux provinces sont quasi incontournables.


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